Et voilà. Je suis ingénieur diplômé orientation informatique logicielle. C’est enfin fini. Trois ans et demi de dur labeur récompensés par une remise des diplômes unique pour moi. C’est la première fois que j’étais amené à faire un discours devant quelques centaines de personnes (je ne sais pas combien en fait).

Durant cette remise, j’ai également eu droit à un généreux prix de la part de la société Getronics pour mon travail de diplôme avec les félicitations du Jury. Je suis très content de tout ça faut dire :wink: Je pense, sans me lancer de fleurs, que c’est amplement mérité.

Pour ce qui est du discours, je vous propose ici la version écrite de ce que j’ai prononcé vendredi dernier à la fin de la cérémonie.

Mesdames, Messieurs, Chers collègues diplômés, Bonsoir.

J’aimerais vous raconter quelques anecdotes de mon parcours dans cette école. Trois années d’études permettent de vivre des moments rendant cette expérience unique pour chacun et chacune d’entre nous.

vLe plus marquant pour moi fut un travail de diplôme effectué dans un pays se trouvant à plus de dix mille kilomètres, disposant d’une culture tellement différente de la mienne, ainsi qu’une langue qu’il n’est pas possible d’apprendre sans passer quelques années immergé au sein de la population.

Ce pays ? C’est le Japon. Pays des antagonismes, où modernité et histoire se cotoyent au quotidien. Tous ces aspects font qu’il s’agit avant tout d’une expérience de vie avant d’être l’épreuve finale de ma formation.

Mais quelle idée de faire mon travail de diplôme dans un environnement si différent ? Un rêve ? Oui, tout simplement un rêve. Un rêve nourri depuis de longues années. Le rêve de découvrir le berceau des dessins animés et jeux-vidéo de ma jeunesse. De retrouver toutes ces facettes qui ont participé au façonnage de l’être que je suis. Une opportunité de découvrir un nouveau monde et de sortir des sentiers battus. Et puis, un travail de diplôme ici? Non! Trop siiiiiiiiiiimple ! Il fallait du challenge, de la difficulté, de l’impossible.

La route vers un tel travail de diplôme est semée d’embuches. Il faut trouver une personne prête à nous encadrer, entreprendre des démarches comme l’obtention de son visa ce qui peut être très laborieux. Il faut préparer des tas de papiers, des dossiers, trouver le financement. La motivation est telle, que toutes ces difficultés ne sont pas suffisantes pour refreiner l’envie de partir.

Puis, un beau matin, on se retrouve face au départ. La réalité nous rattrape et marque le début d’une aventure de six mois loin de ses proches, de ses amis et de ses camarades geeks.

Une fois sur place, pas de natel. Evidement, nos mobiles préhistoriques ne peuvent pas fonctionner avec leur téléphonie du futur. Six mois sans utiliser son téléphone est quelque chose d’étrange, de nouveau, mais pas désagréable. Ce n’est pas l’acquisition d’un keitai qui remplacera le mien. Finalement, celui-ci n’est pas indispensable vu les moyens à disposition pour communiquer.

L’arrivée est parfois déroutante, surtout lorsqu’on débarque dans un logement de cinq mètres carrés où le lit est à même le sol. Vivre six mois dans une pièce si petite avec des commodités plus que lacunaires s’annonce épique. Où la cuisine – faite de deux plaques de réchaud – se trouve dans la même pièce que la douche. Et c’est sans compter les petites bêtes qui vous rendent visite la nuit, tels les cafards. Décidément, c’est particulier. Un changement de logement n’est vraiment pas superflu pour éviter un début de déprime.

Quelques jours s’imposent pour visiter et faire le tour d’horizon des lieux, magasins, transports et dieu sait quoi d’autre avant de débuter son travail. C’est tout de même la raison première du séjour. Les repères se mettent en place, certaines habitudes sont prises, de nouvelles rencontres sont faites.

Parmi tout le travail, quelques visites touristiques sont à prévoir. Il serait dommage de passer à côté de toutes les merveilles qu’offre un tel pays. Des temples, des sanctuaires, des mausolées, des monuments, des jardins et dieu sait quoi encore. Kyoto n’offre pas moins de deux mille de ces emplacements. Parfois vétustes et tombant presque en ruines, parfois rénovés et semblant neuf. Pour finir, il devient difficile de trouver du temps pour travailler.

En plus, il faut s’essayer à la nourriture locale qui n’est pas pour les peureux. Des trucs bizarres, j’en ai testé. Que ce soit dans les restaurants ou dans les supermarchés, un vaste choix est disponible. Cela va des dizaines de sortes de tofu en passant par les sandwichs au riz et des desserts tous plus bizarres les uns que les autres. Bien entendu, il ne faudrait surtout pas oublier les sushis dont la diversité et le prix font vraiment pâlir ceux de chez nous.

Parmi toutes mes expériences culinaires, la plus incongrue fut un passage dans un restaurant se prétendant Suisse. C’était typiquement quelque chose à tester, surtout pour se rendre compte comment notre fondue est perçue. Avec un ami japonais, nous nous sommes rendus dans ce restaurant pour lui faire découvrir pour la première fois ce plat. Malheureusement, l’expérience ne fut pas à la hauteur. La fondue ressemblait plus à une soupe au fromage qu’à notre plat national. Des croûtons de pain permettaient de râcler le fond du caquelon à la recherche des bribes d’emmental et d’un autre fromage méconnaissable Le seul mot me venant à l’esprit pour qualifier cette expérience est : « intéressant » ! Dommage d’avoir découvert ce plat dans ces conditions. Elle était vraiment à mille lieues d’une fondue digne de ce nom.

Le temps passe et le travail avance mais pas assez vite. Les journées se rallongent passant de huit heures à douze heures vers la fin. Finalement arrive quand même le jour de la libération : le jour du rendu du travail de diplôme. C’est à la fois un soulagement et une inquiétude ou les « si » s’accumulent. Et si j’avais fait ça, et si j’avais fait ceci et encore si j’avais eu le temps de faire ça… Non ! Stop ! Le travail est rendu. Il est temps de profiter de quelques vacances, l’occasion de visiter d’autres lieux.

Malgré tout, il faut penser au retour. Six mois, c’est suffisament long pour accumuler quantité de souvenirs et la poste reste le seul moyen quand la valise ne suffit plus.

Je me souviendrai toujours de mes passages à la poste. Surtout du premier lorsque je suis arrivé avec un paquet où l’étiquette – intégralement en français – a posé problème. L’employée au guichet voulait une traduction japonaise du contenu du paquet. Comment se faire comprendre ? Je ne pouvais pas parler japonais – six mois étant trop court pour apprendre la langue – et la personne ne comprenait pas l’anglais. Dans ces conditions, il faut se montrer ingénieux et trouver une solution rapidement. De simples dessins sur une feuille m’ont permis de me sortir de cette situation embarassante. Par la suite, j’étais mieux organisé et j’amenais des photos. A chaque fois des sourires amusés m’accueillaient.

Quand bien même un important nombre de mésaventures, elles ne peuvent venir à bout de votre enthousiasme. Chaque jour est vécu avec intensité. Tout ce qui paraît simple chez soi ne l’est pas forcément. Dans une telle aventure, le soutien des personnes restées au pays devient important. Tout ce petit monde qui attend avec impatience vos récits que vous publiez presque tous les jours sur votre blog. Ah ! La technologie a quand même du bon !

Le voyage de retour, bien qu’interminable, finit par nous ramener chez nous. Tout semble n’avoir été qu’un songe. Bien sûr le retour est heureux et les souvenirs présents. Le temps a passé si vite qu’il laisse cette impression amère de n’être jamais parti. Pourtant, l’aventure a été vécue. Ces sentiments font vite place à d’autres. Oui, il reste une étape et pas des moindres. La défense du travail de diplôme devant un jury d’experts. Cette fameuse défense qui couronne et ponctue définitivement notre travail. La connaissance de son sujet aide à se sentir à l’aise au moment de cette épreuve et permet de la traverser sans trop de difficultés.

L’attente du résultat, une fois la défense derrière soi, cède vite la place à la joie de la réussite. Et ce soir nous nous retrouvons pour recevoir ce fameux papier attendu depuis près de quatre longues années. Une récompense à la hauteur du labeur fourni. Un diplôme nous ouvrant la voie à de nouveaux horizons. Des horizons que nous espérons heureux, mais cette partie de l’histoire reste encore à écrire.